Ethique et Neurochirurgie

, par  Manuel LOPES , popularité : 3%

BIOETHIQUE

Il s’agit d’un mot plus récent puisqu’il aurait été crée par Van Rensselaer POTTER (professeur en oncologie, biochimiste américain) en 1971 dans un livre intitulé : Bioethics : Bridge to the future (4). S’il destinait ce mot à « une entreprise intellectuelle nouvelle », qui devait englober tous les aspects de la vie humaine liés au devenir de la science (préserver l’environnement et sauvegarder le vie humaine, limiter la recherche scientifique et les pratiques médicales), ce mot a perdu sa dimension écologique en traversant l’Atlantique.
C’est G HOTTOIS (5) qui propose la définition suivante de la bioéthique : « le mot bioéthique désigne un ensemble de recherches, de discours et de pratiques, généralement pluridisciplinaires, ayant pour objet de clarifier ou de résoudre des questions à portée éthique suscitées par l’avancement et l’application des technosciences biomédicales »

Pour mieux comprendre la création de ce mot, qui se destine plus particulièrement au développement de la recherche et des technosciences en santé, il faut remonter dans le temps. En effet, de tout temps, y compris chez les grecs, l’art de « bien naître » (origine étymologique de Eugénisme) était une préoccupation affichée puisque Platon dans La République décrivait une politique destinée à éviter qu’une union se fasse au hasard dans la cité : il fallait élever les enfants des élites si on voulait la perfection…
Plus près de nous, F GALTON (1822-1911), prétend tirer de la théorie de Charles DARWIN (Origine des espèces 1859) une méthode scientifique permettant d’améliorer les qualités natives, dont l’objectif final est d’assurer le développement et la prédominance des êtres humains qu’il juge supérieurs : « il faut favoriser la survie des plus aptes et interrompre la reproduction des inaptes » disait-il…

Galton va présider l’Eugenics Education Society (1907) qui a pour but de sensibiliser l’opinion publique aux responsabilités des idées eugéniques. Rappelons que c’est à la même époque que l’état d’Indiana aux Etats-Unis promulgue une loi pour la stérilisation des criminels (1907) : tous les eugénistes étaient convaincus de la primauté de l’hérédité sur le milieu culturel et social et mettaient en avant le déterminisme génétique dans le déroulement de l’existence humaine.
En Norvège dès 1915 le premier ministre propose « la prévention des maladies raciales », en 1927 la cours suprême des USA établissait que dès lors que le caractère héréditaire de la tare était prouvé (« trois générations d’imbéciles suffisent »), la stérilisation était légale. Enfin, en Suède, 60000 personnes furent stérilisées entre 1936 et 1976 pour des raisons eugéniques.
C’est dans ce contexte que survient la 2° guerre mondiale et toutes les exactions commises par les médecins nazis, et qui se soldèrent par une terrible prise de conscience lors du procès de Nuremberg en 1947, date à laquelle fut établi le Code de Nuremberg par un tribunal américain, alors que des directives allemandes concernant les thérapeutiques nouvelles et l’expérimentation scientifique sur l’homme existaient dès le 28 février 1931…
Il est important de noter que les premiers textes français consacrés à la recherche biomédicale et reprenant le principe du consentement viendront 57 ans après les textes allemands (loi HURIET de 1988) !