Voie ptérionale « classique »

, par  Elsa Magro, Jean-Yves Fournier, Michel W Bojanowski , popularité : 10%

Historique : description princeps et évolutions ultérieures

Avant la popularisation de la voie ptérionale par Yasargil, la recherche de nouvelles approches antérieures est initialement stimulée par la nécessité de trouver un abord pour accéder aux pathologies de la région sellaire. Cette région était alors abordée par voie sous-frontale ou sous-temporale.
En 1900, Krause extrait une balle de la base du crâne par un abord frontolatéral extra-dural oblique, le long de la petite aile du sphénoide, dont il remarque aussitôt l’utilité. C’est la première approche antérieure avec un autre angle que strictement frontal. La même année il présente une préparation cadavérique démontrant l’utilité de cet abord pour la région sellaire, celui-ci ne différant que peu de l’abord frontal toujours utilisé aujourd’hui. Il utilise cet abord pour un fibrosarcome en 1905 et pour une tumeur pituitaire en 1909.
En 1908, Mac Arthur utilise sans succès un abord intradural similaire à l’approche de Krause. Ceci l’amène à modifier cette approche par une petite craniotomie frontale située au-dessus de l’œil et incluant le rebord supérieur et le toit de l’orbite. Il s’agit probablement de la première crâniotomie fronto-orbitaire.
En 1914 Heuer développe pour la première fois une craniotomie fronto-temporale avec abord intra-dural. En 1918 il publie avec Dandy la description de cette approche (‘’A new hypohysis operation’’). Celle-ci diffère de l’abord fronto-latéral de Krause par un volet plus large et l’inclusion de l’os temporal. Elle offre un abord direct sur l’arête du sphénoïde. Dandy déplorant la taille de l’incision et du volet ramène l’incision derrière la ligne d’insertion des cheveux et découpe un petit volet fronto-latéral connu sous le nom de ‘’Dandy’s flap’’.
Le besoin d’un abord standardisé se fit encore plus sentir au milieu des années 40, après le premier clipping d’un anévrisme réussi par Dandy en 1937 et l’engagement des autres neurochirurgiens dans la prise en charge des lésions vasculaires.
Hamby favorisait également une crâniotomie frontale unilatérale pour les anévrismes de la circulation antérieure, sauf pour les sylviens pour lesquels il popularisa la crâniotomie fronto-temporale permettant l’ouverture de la scissure sylvienne afin d’exposer la bifurcation carotidienne et l’artère cérébrale moyenne. Plus tard, il modifia son approche fronto-temporale pour le traitement des lésions orbitaires et de l’exophtalmie et la dénomma ‘’approche ptérionale’’ terme d’origine grecque signifiant l’aile. Le ptérion un point de crâniométrie situé à la jonction de la grande aile du sphénoïde, de l’écaille temporale, de l’os frontal et de l’os pariétal. La description de Hamby est probablement la première à utiliser ce terme pour décrire l’approche fronto-temporale et est à l’origine de son utilisation populaire.
Dans son manuel, Kempe en 1968 décrit la crâniotomie fronto-temporale avec une extension de la résection osseuse de la petite aile du sphénoide La fissure sylvienne est directement en-dessous du centre et perpendiculaire à l’incision durale curvilinéaire qu’il préconise.
En utilisant le microscope chirurgical de façon systématique, Yasargil propose une craniotomie similaire à celle de Kempe ou Hamby mais de plus petite taille. Dans sa description en 1969 des abords pour les anévrismes de la circulation antérieure, la craniotomie est centrée sur le ptérion et complétée par le fraisage extradural de la portion la plus latérale de la petite aile du sphénoïde.
La reconstruction osseuse donnait des résultats cosmétiques satisfaisants mais, déplorant l’atrophie du muscle temporal, il expérimenta le volet attaché au muscle (« osteoplastic craniotomy ») qui semblait offrir de meilleurs résultats cosmétiques.
En améliorant son approche, Yasargil développa une exposition plus basse par fraisage de l’aile du sphénoide jusqu’à la fissure orbitaire supérieure, des projections du toit orbitaire et, parfois, de l’arête et du toit de l’orbite. Il appela cette approche fronto-latérale sphéno-orbitaire ou ptérionale.